La conservation de la voie femelle
Un peu de vocabulaire essentiel
Lorsque l’on travaille sur la génétique nous nous référons à deux termes liés à la généalogie : les familles et les lignées. Les familles correspondent à la généalogie par les femelles. Elles se composent donc de la fille, la mère, la grand-mère, … Les lignées, elles, correspondent à la généalogie par les mâles : le fils, le père, le grand-père, …
Les ânes inscrits à la création du livre généalogique des Ânes et Mulets des Pyrénées en 1997 sont dits fondateurs. Les familles et lignées qui remontent jusqu’à cette période sont des familles et lignées fondatrices. Elles portent alors le nom de l’ancêtre fondateur le plus haut possible dans l’arbre généalogique.
La diversité génétique est un terme que nous utilisons beaucoup dans notre programme de conservation. Elle correspond à la variation des gènes au sein de la race. Une diversité génétique élevée sera donc observée si chaque âne possède un génome (ensemble des gènes d’un individu) très différent d’un autre au sein de la race.
Qu’est-ce que la conservation par la voie femelle ?
La conservation par la voie femelle consiste à préserver la diversité génétique apportée par les femelles dans une population. Pour cela, nous regardons le nombre de femelles vivantes dans chaque famille fondatrice. Moins il y aura de femelles dans une famille plus cette famille sera menacée d’extinction. L’extinction d’une famille réduit la diversité génétique apportée par les femelles et donc la diversité génétique de la race entière. Dans notre programme de conservation, nous avons demandé l’appui du Conservatoire des Races d’Aquitaine (CRA) pour nous aider à comprendre et à estimer cette diversité génétique. Le CRA hiérarchise donc les familles fondatrices selon leurs risques d’extinction en 3 priorités et propose un plan d’action pour chacune de ces classes.
Vous pouvez retrouver la liste des femelles et de leurs priorités dans l’onglet Documents utiles ou directement ici.
Pourquoi conserver la voie femelle ?
Historiquement, la sélection mais aussi les programmes de conservation se sont focalisés sur la voie mâle. La sélection par la voie était en effet la plus rapidement visible notamment par le fait qu’un baudet puisse saillir plusieurs ânesses dans la même année. Il était donc facile de voir les années suivantes les caractéristiques que faisait ressortir tel ou tel baudet sur sa descendance. L’ânesse, elle au contraire, ne peut mettre bas qu’une fois tous les uns ou deux ans. Il est donc plus long de voir les caractéristiques que l’ânesse apporte à sa descendance.
Il est évident qu’il est nécessaire de conserver une diversité par la voie mâle. Le père transmet le chromosome Y qu’à ses fils. Il est donc important de conserver un grand nombre de lignées. Cette conservation de la diversité génétique des mâles est assez répandue et souvent mise en place notamment grâce à l’aspect historique de la sélection par la voie mâle.
La diversité de la voie femelle est, elle, très innovante malgré sa nécessité. En effet, l’ADN mitochondrial est transmis uniquement de mère en fille. Les mitochondries sont de petits organites présents dans chacune de nos cellules et également dans celles des équidés. Ces organites ont leur propre ADN et permettent un très grand nombre de métabolismes primordiaux (respiration cellulaire, production d’énergie, etc). Ils sont également impliqués dans certaines étapes d’autres métabolismes et dans les processus de certaines maladies lorsqu’ils dysfonctionnent. Il est donc essentiel de préserver le plus grand nombre de familles possible.